VAGUS-VAGRANT

Les photos de bés de cane sont très rares, vu que ces bateaux disparaissent au moment où se démocratise la photo.
Néanmoins, on en trouve. En voici un détail d'une, prise à Roanne fin XIXe.

Et sur la même photo, on devine les museaux de deux autres bés de cane :


Dans le même coin, sur une autre photo. Dommage qu'on ne voit pas l'arrière.

Le bâti à l'arrière-plan a très peu changé. C'est l'ancienne île de Roanne.

Je ne vous décris pas mon état en découvrant ces deux documents à la bibliothèque du musée Déchelette à Roanne !

Celle-ci est assez connue, c'est le port de Montluçon, on y voit bien un bé de cane vide et une autre plein.


Enfin, celle-ci est au Bois-Bretoux, à Montchanin, dans le port Schneider.


Bon, à vous maintenant...

Le bé de cane, si je comprends bien, est au berrichon ce que la mignole est à la péniche ? c'est à dire que ça ressemble, mais y a des levées à l'avant et l'arrière pour navigation en rivière...

Le bé de cane est le berrichon de la première génération, croisement du chaland de Loire (ou du Cher) et du narrow-boat britannique, construit d'abord par les charpentiers de Vierzon vers 1830 pour la navigation dans le tout nouveau canal de Berry. Ils ont fait ce qu'ils savaient faire : du bateau de Loire adapté au petit gabarit (d'inspiration britannique) du canal, d'où la levée avant, l'assemblage à clins et les arronçoirs notamment.
La seconde génération de berrichons sera la flûte à bas-bord, vers 1845, obtenue par croisement du bé de cane avec la flûte de Bourgogne ou de St-Dizier. La 3ème génération sera la flûte berrichonne à hauts bords, conséquence du nouvel enfoncement offert par le gabarit Freycinet après 1879.
La 4ème génération sera le berrichon de forme flamande, par croisement avec la péniche du nord au début du XXe siècle.
Enfin les 5è et 6è générations sont le berrichon métallique, et l'automoteur berrichon dans les années 20-30.

Le bateau berrichon est le cas parfait de bateau avec lequel on peut énoncer le concept d'évolution au sens darwinien du terme, avec des croisements et des évolutions successives bien marquées.

bonjour à tous
Petit complément peint et son commentaire "éclairant", tiré d'un entretien avec françois Beaudoin dans le chasse marée n°16
à propos de la parution de son livre :la batellerie des fleuve de France en, 1985