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Chantier situé au Havre, ayant construit des bateaux déjà au début du XXe siècle.

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Messagepar kikicmr » Dim 3 Mai 2020 17:07

Sur cette carte-photo (exemplaire non écrit), un nouvel automoteur-porteur à vapeur des Messageries Fluviales de France, à la Villette :

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Et deux articles parus dans la presse de l'époque, à l'occasion de son lancement :

dans Le Figaro du dimanche 17 décembre 1905 :

Un progrès dans la batellerie fluviale


Le Havre - Aux Chantiers de la Méditerranée, à Graville, on a mis à l'eau ce matin (plutôt samedi 16 décembre 1905) le LYON, construit pour le compte de la Société des messageries fluviales de France. Ce chaland a ceci de particulier qu'il est actionné par un appareil moteur mobile dans le sens vertical, actionnant une double roue à aubes : c'est l'automobilisme appliqué à l'industrie de la batellerie. Le moteur est fixé sur une plate-forme que l'on élève ou abaisse suivant le tirant d'eau du porteur, de façon à pouvoir immerger d'une façon régulière les palette des roues ou même à relever complètement ces roues lorsque le chaland est remorqué, et par ce système le trajet d'Anvers à Strasbourg, 729 kilomètres, se fera en 27 jours, alors qu'il s'accomplit, par les moyens ordinaires, en 45, au minimum.



dans La vie lorraine illustrée : revue littéraire, artistique, industrielle et commerciale n°6, décembre 1905 :

Messageries fluviales de France
Lancement du LYON


Le transport économique des matières premières, combustibles et marchandises lourdes, offre, pour les pays industriels et producteurs, un intérêt primordial.
Les grands ports comme Le Havre ont eux-mêmes un très grand avantage à être reliés avec l'intérieur du pays par les canaux qui assurent l'évacuation des produits encombrants et l'arrivée des marchandises ou des ouvrages fabriqués en vue de l'exportation.

Aussi, s'est-on préoccupé depuis longtemps de trouver des modes de locomotion plus rapides que la voile, la perche ou le halage par mulet, tout en restant économiques.
Un nouveau moyen, déjà mentionné par La Vie Lorraine, et dû à la science de M. Fernez, a été mis en pratique l'année dernière sur cinq chalands construits par les Forges et Chantiers, pour le compte de la Société des Messageries fluviales de France.

Les avantages de l'automoteur-porteur sur les bateaux ordinaires sont multiples :
1° Il porte en lourd un tonnage presque égale aux bateaux ordinaires naviguant sur les canaux ;
2° Les frais de propulsion sont inférieurs de 40 à 50 % à ceux de la traction habituelle, qu'elle soit animale, électrique ou à vapeur ;
3° Alors que les bateaux ordinaires marchent à une vitesse de 1200 à 1800 mètres à l'heure, l'automoteur-porteur peut marcher de 3 à 5 kilomètres à l'heure, suivant les endroits, c'est-à-dire à une moyenne de 4 kilomètres à l'heure ;
4° En route, l'automoteur-porteur n'a pas à attendre la remorque, ou le bon plaisir de la traction. Il part quand il veut et il s'arrête quand il veut. Il peut marcher 12, 16, 20, 24 heures ou plus, sans craindre la fatigue des chevaux ou autres moyens de traction ;
5° Faisant trois fois plus de travail que le bateau ordinaire, son emploi augmentera de beaucoup le trafic des voies fluviales, sans pour cela les encombrer, comme le feraient trois fois plus de bateaux ordinaires ;
6° Dans toutes les rivières à faible tirant d'eau, il est appelé à rendre les plus grands services.

Nous avons déjà signalé à nos lecteurs les passages du LE HAVRE et du LILLE, bateaux de la Société, effectuant les trajets de Strasbourg, Anvers, etc., avec des chargements considérables.

Le résultat pratique a été si satisfaisant que la Compagnie n'a pas hésité à faire une commande de quatre nouveaux chalands.

Le lancement de l'un d'eaux a eu lieu dernièrement en présence de MM. Fernez, administrateur-délégué ; Jolibois, administrateur ; Mollon, consignataire au Havre de la Compagnie ; Bricard, directeur ; Coville et Leblanc, ingénieurs ; Lavoisier, secrétaire des Forges et Chantiers ; Georges Mary, directeur de la Gazette de la Bourse de Paris ; Gérardin, directeur du Journal de la Navigation, et des représentants de la presse locale.

Le clergé de Graville a procédé à la bénédiction des quatre chalands actuellement en chantier, puis (Mme Fernez, qui devait être la marraine du nouveau bâtiment, n'ayant pu se rendre au Havre), M. Fernez a rompu le ruban symbolique.

Le chaland est alors descendu lentement vers la mer, où le remorqueur ALBERT l'a pris à la traîne pour le rentrer au port.

Le nouveau navire, construit entièrement en acier et pourvu de trois cloisons étanches, mesure 38m50 de longueur, 5 mètres de largeur et 2m05 de creux.
Son déplacement en charge sera d'environ 320 tonnes, lui permettant de porter en lourd environ 280 tonneaux avec un tirant d'eau de 1m80.

Nous avons dit en quoi consistait l'originalité du système de locomotion. Rappelons brièvement que l'appareil moteur, composé d'une machine Compound à échappement, à air libre et à balancier d'un système breveté, repose sur une plate-forme mobile, guidée verticalement par des glissières.

La chaudière, timbrée à 14 kilos, est du système Normand, modifié avec cheminée à bascule.
La puissance de la machine est de 35 chevaux indiqués.

L'appareil moteur est fixe d'une façon invariable sur cette plate-forme qui, elle-même, est placée dans le chaland, sur un appareil de soulèvement d'un système breveté. Cette disposition permet de faire passer rapidement l'appareil moteur d'un chaland sur un autre.

L'appareil de soulèvement a également pour effet d'avoir toujours les roues immergées de la même quantité, afin d'obtenir leur maximum d'utilisation, quel que soit le tirant d'eau du chaland.

A l'occasion de ce lancement, la Compagnie des Messageries fluviales de France offrait un déjeuner à Frascati à M. le Directeur et à MM. les Ingénieurs de la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée, aux représentants de la presse parisienne et havraise.

M. Fernez, administrateur-délégué de la Compagnie, a fait les honneurs de cette réunion avec une courtoisie cordiale et charmante.
Au champagne, M. Bricard, au nom de la Société des Forges et Chantiers, a porté, en excellents termes, un toast chaleureux à la Société des Messageries fluviales de France et à ses distingués représentants. Il s'est plu à rendre hommage à leurs efforts en vue de faire rendre à la batellerie, si longtemps restée stationnaire, les services que l'on est en droit d'attendre de sa participation à la richesse économique du pays.

M. Bricard a salué en M. Fernez un des hommes les plus autorisés de cette cause à laquelle il n'a cessé de consacrer une activité éclairée et un esprit de progrès.
L'honorable directeur a associé dans son toast à la Compagnie, M. et Mme Fernez.

M. Fernez a remercié M. Bricard de ses aimables paroles et, à son tour, a levé son verre en l'honneur des Forges et Chantiers, de ses ingénieurs et des représentants de la presse.

Au nom de ceux-ci, notre distingué confrère, M. Georges Mary, fait valoir, dans une allocution d'où la documentation précise n'excluait pas la finesse de la forme, que la création du chaland automoteur répond à un besoin moderne et que le développement normal des ports a été la résultante des progrès de la batellerie. L'œuvre entreprise touche à des questions commerciales, économiques et même de défense nationale. Elle est digne des plus sympathiques encouragements.
C'est sur un toast en l'honneur de l'avenir heureux de cette intelligente initiative que s'est terminée cette réunion empreinte d'une infinie cordialité.

La Société des Messageries fluviales de France fait en ce moment, pour augmenter sa flotte, une émission d'obligations au porteur à revenu variable, rapportant un intérêt fixe de 5% l'an (impôt à déduire) et 50% sur les bénéfices nets (suivant extrait des statuts).
Ces obligations sont garanties par tout l'actif de la Société comprenant notamment le capital social, les revenus de la Société, ses brevets, sa flotte ; enfin, le remboursement au pair est assuré par des bons dont les tirages sont garantis par le Crédit foncier de France.
L'obligation à revenu variable présent à la fois l'attrait de la sûreté du placement et l'attrait spéculatif, ce qui n'est pas à dédaigner pour beaucoup de personnes soucieuses de leurs intérêts.
Pour tous renseignements, d'adresser à La vie Lorraine.

P. S. - Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que le succès des obligations à revenu variable, émises à 90 fr. dès leur création, les a fait porter à 95 fr. jusqu'au 15 février prochain seulement. A cette date, la Société ne pourra plus en livrer qu'au pair, soit à 100 fr., et ce pendant un mois seulement, car à partir de mars, le prix sera porté à 105 ou 110 fr., suivant ce que seront les premiers rendements de l'affaire Pavot, puisque les obligations à revenu variable participeront à 50% dans ces rendements.
Ceci sous toute réserve d'augmentation plus rapide.
Si, comme la Société des Messageries fluviales de France l'espère, ce rendement produit simplement ce qu'il a donné en ces dernières années, les obligations pourront toucher dès leur première année de participation un coupon supplémentaire d'environ 4 à 5 fr., et, dans ce cas, c'est à un prix qui s'approchera de 200 fr. qu'elle sera obligée de livrer ce genre de titre.
F. Delille



Ce dernier article est illustré par ce montage : un automoteur-porteur des Messageries Fluviales a été dessiné sur une photo du canal de la Marne au Rhin à Nancy, au passage du pont qui sépare les ports Saint-Georges et Sainte-Catherine :

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