LE HAVRE

Chantier situé au Havre, ayant construit des bateaux déjà au début du XXe siècle.

LE HAVRE

Messagepar kikicmr » Sam 2 Avr 2011 13:50

Grâce à cette série de cartes postales qu'on pourrait qualifier de publicitaires, on peut faire le tour d'un bateau original comme les progrès techniques du début du XXe siècle ont permis de mettre au point. Il s'agit d'un chaland automoteur porteur de la société des Messageries Fluviales de France, équipé d'un propulseur amovible système Fernez et construit par les Forges et Chantiers de la Méditerranée, au Havre :

LE HAVRE


Je sais peu de choses sur ses caractéristiques ; il est indiqué : 313 tonnes à charge complète. Je n'ai pas trouvé d'info sur le système de propulsion amovible Fernez ; sur les cartes postales, on peut lire qu'il est "breveté sgdg", ce qui signifie "sans garantie du gouvernement" (mention légale dégageant l’État de toute responsabilité sur le fonctionnement du dispositif breveté).

Il y a eu d'autres bateaux du même modèle : sur la carte postale ci-dessous, on peut voir les LILLE, DOUAI et SAINT-QUENTIN (je ne sais pas dans quel ordre).

La Seine à Bougival.


Quand ont été construits ces bateaux? J'en suis réduit à émettre une hypothèse... La plus ancienne des cartes postales a été écrite en février 1905. Donc logiquement construits avant! Et en faisant une recherche sur internet, je suis tombé sur le numéro du 06 août 1904 du journal "Le rappel Républicain de Lyon" dans lequel on peut lire ces quelques lignes : "Messageries fluviales de France - Une assemblée extraordinaire aura lieu à Paris le 22 août, pour délibérer sur l'achat éventuel des brevets étrangers du bateau automoteur porteur à propulseur amovible et de tous droits y afférents". Ce qui permettrait de dater la construction au dernier quart de 1904!

Dans le livre "Notice sur la Compagnie Générale de Navigation Havre-Paris-Lyon-Marseille" (imprimerie B. Arnaud, juillet 1914), je suis tombé sur ce plan d'un "Porteur de Seine - appareil à roues à l'arrière de 60 chevaux" :


Voici les caractéristiques données : longueur totale 38,40m - largeur hors membrures au MC (maître couple) 4,70m - creux 1,80m - tirant d'eau à l'arrière 1,36m - tonnage 150t (est-ce le poids à vide ou le tonnage embarqué? les cartes postales évoquent 313t à charge complète).

Quelques éléments des plans me font douter qu'il s'agisse bien du même bateau. Et peut-être allez vous me demander pourquoi un bateau des Messageries Fluviales de France figurerait dans un livre sur la Compagnie Générale de Navigation HPLM...
Je vous répondrai alors qu'on ne trouve que des traces anciennes des Messageries Fluviales de France dans la littérature, les vieux papiers et les cartes postales, alors je pense qu'elle aurait pu être rachetée vers 1910 par l'HPLM! Ne lit-on pas d'ailleurs dans le livre dont il est question ci-dessus : "Le matériel de la Compagnie (HPLM) comprend des types très variés, résultant de la diversité des fleuves, rivières et canaux qu'elle dessert, et de l'absorption par elle d'un certain nombre de Compagnies, dont les bateaux présentaient de notables différences"?

On y lit également : "... ce matériel comprend encore quelques vapeurs-porteurs à roues à l'arrière (qui du reste tendent à disparaître) dans lesquels la coque est suffisamment évidée pour que l'extérieur des tambours soit dans le prolongement des bandes du bateau".

Que sont devenus ces bateaux? Ils ont peut-être été modernisés. Car en effet, le livre cité précédemment termine par "... la Compagnie Générale suit avec soin les progrès qui peuvent être réalisés (...). Elle abandonne les types qui lui paraissent déféctueux, parce que des systèmes meilleurs sont devenus pratiques (...)". On peut penser que les bateaux à aubes auraient été équipés d'hélices et de moteurs "à huile lourde" (ou diesel), surtout que le système Fernez est dit amovible, mais cette idée peut être nuancée par le fait que les roues à aubes nécessitent une coque à l'arrière effilé, afin que les roues ne dépassent pas de la largeur du gabarit, entraînant une perte de place pour le chargement injustifiée pour une hélice...

Enfin bon, j'dis ça mais j'dis rien...
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Re: LE HAVRE

Messagepar Orvanne » Sam 2 Avr 2011 14:29

Je rajoute mon grain de sel :

Ai retrouvé deux des chantiers de la méditerrannée du Havre, avec des devises de ville :

-NANCY il est de 1906

-NICE il est de 1904

Donc pour les dates cela correspond aux réflexions de kikicmr..

En revanche en 1930 ces deux porteurs-toujours définis comme cela sur le registre- ont été revendus ..

-NANCY à Société anonyme Malettra de Petit Quevilly, ET PLUS de MOTEUR
-NICE à Lesaffre Freres de Quesnoy en Deule, tjrs motorisé vapeur à 40cv


Je trouverai bien le LE HAVRE, et d'autres villes, en esperant qu'ils n'aient pas changé de devises..

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Re: LE HAVRE

Messagepar kikicmr » Dim 10 Avr 2011 10:13

L'enquête avance pas à pas!

Tout d'abord, j'ai peut-être écrit une grosse bêtise ci-dessus, en évoquant la disparition des "Messageries Fluviales de France" vers 1910, alors que sur le forum on connaît quelques bateaux "MF", comme le MF 81, MF signifiant "Messageries Fluviales", et ce bateau (un cafard) ayant porté cette devise à partir de 1928! Y a-t-il un lien entre la compagnie des "Messageries Fluviales de France" du début du XXe siècle et les "MF" sortis 20 ans plus tard?

Ensuite, un nouvel élément semble confirmer que le plan extrait de la "Notice sur la Compagnie Générale de Navigation Havre-Paris-Lyon-Marseille" ne représente pas un vapeur à aubes du même type que le LE HAVRE. Il s'agit de cette carte postale :

Embarquement d'un propulseur amovible système Fernez.

On voit clairement que l'arrière d'un chaland automoteur-porteur des Messageries Fluviales de France est "au carré" et non pas évidé comme on peut lire dans la notice de l'HPLM. Le propulseur (2 roues à aubes et la machine à vapeur, que l'on voit suspendu au bout de la grue sur la carte postale) est probablement "accroché" à cet arrière carré (et on peut le "décrocher", c'est pour ça qu'il est qualifié d'amovible), alors qu'avec un système fixe (HPLM), la machine à vapeur est dans la coque du bateau et celle-ci doit présenter un décrochement de chaque côté pour les roues à aubes. Au final, il sera plus facile de transformer un bateau avec un propulseur amovible en remplaçant ce dernier éventuellement par un moteur à explosion.

Dernier détail : la carte postale ayant voyagé en février 1905, je suppose que la photo aurait été faite avant cette date. C'est même probable :mrgreen: ... Au moins ça, ça correspond aux premières conclusions (les dates).

Voilà. Donc comme vous voyez, l'enquête n'avance pas du tout, je fais du surplace, je tourne en rond et je me pose même de nouvelles questions. J'arrête. En attendant de retrouver d'autres éléments... :wink: :mrgreen:
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Re: LE HAVRE

Messagepar kikicmr » Dim 10 Avr 2011 10:45

munster a écrit:un peu l'ancetre des SCHOTTEL des barges solvay qu'il etait facile de passer de l'une a l'autre avec une grue en cas de besoin.est ce que ce que je t'ai transmis (historique)t'a ete utile?


Et oui, le propulseur amovible Fernez, ancêtre du propulseur amovible Schottel! Même principe, mais pas tout à fait la même technologie!

J'ai bien lu l'historique que tu m'as envoyé. C'est intéressant de voir comment certaines grandes compagnies ont été "imbriquées" les unes dans les autres...
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Re: LE HAVRE

Messagepar kikicmr » Mar 24 Mai 2011 20:25

Les bateaux automoteurs porteurs (système Fernez) sont mentionnés sur cette publicité issue du Journal de la Navigation du samedi 25 août 1906 :

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Re: LE HAVRE

Messagepar ANDY » Dim 27 Nov 2011 23:14

bonsoir
beau reportage
sur le 1 er post

Voici les caractéristiques données : longueur totale 38,40m - largeur hors membrures au MC (maître couple) 4,70m - creux 1,80m - tirant d'eau à l'arrière 1,36m - tonnage 150t (est-ce le poids à vide ou le tonnage embarqué? les cartes postales évoquent 313t à charge complète).

suivant les dimensions 313t doit etre le tonnage brut c'est a dire avec le poids du bateau
150t de poids a vide ? c' est lourd pour un poids de bateau de 38m
150t de port en lourd ? c'est pas beaucoup pour un 38m
je pense quand meme que c'est le poid du bateau a vide et tu coup il pourrait charger 163 tonnes de marchandise ?
bizarre quand meme comme donnée on dirait qu'il y a quelque chose qui cloche :shock:
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Re: LE HAVRE

Messagepar kikicmr » Lun 28 Nov 2011 18:08

ANDY a écrit:bonsoir beau reportage


Merci !

ANDY a écrit:suivant les dimensions 313t doit être le tonnage brut c'est a dire avec le poids du bateau
150t de poids a vide ? c' est lourd pour un poids de bateau de 38m
150t de port en lourd ? c'est pas beaucoup pour un 38m
je pense quand meme que c'est le poid du bateau a vide et tu coup il pourrait charger 163 tonnes de marchandise ?
bizarre quand meme comme donnée on dirait qu'il y a quelque chose qui cloche :shock:


peut-être que c'est parce qu'il n'y a que 4,70m de large ?

et puis pour le poids "à vide", il faut tenir compte de la machine à vapeur, ça pèse combien ? et puis il faut une réserve de charbon pour la chaudière, et puis aussi une réserve d'eau peut-être ? (ma dernière réflexion est peut-être bête vu que le bateau est entouré d'eau très souvent...)
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Re: LE HAVRE

Messagepar munster » Lun 28 Nov 2011 19:50

Petite reflexion perso les amis : le bateau fait 38m avec la machine mais la coque en elle meme est moins longue , donc coque reduite - bien pointu a l'avant , poids de la machine , charbon , certainement une nourrice d'eau ( ce qui explique le fort tirant d'eau arriere a vide ) tout cela me laisse pensé que 150 t a charge semble plausible . :wink:
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Re: LE HAVRE

Messagepar kikicmr » Dim 3 Mai 2020 14:42

Quelques autres documents pour compléter le sujet de ce bateau :

- tout d'abord, une nouvelle carte postale (exemplaire non écrit) qui fait suite à la première du sujet, c'est toujours LE HAVRE amarré à Rethel, dans les Ardennes, cette fois vu de l'arrière :



Rethel - Le port du canal.
LE HAVRE, chaland automoteur-porteur à propulseur amovible (système Fernez, breveté sans garantie du gouvernement) de la Société des Messageries Fluviales de France, 5 rue d'Heuteville, Paris. Construction des Forges & Chantiers de la Méditerranée, au Havre.
(carte postale non écrite)



- et puis quelques articles dans la presse, suite à un voyage Paris-Strasbourg en 1905, retrouvés grâce à Rétronews et Limédia Kiosque :

dans le Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement du 9 septembre 1905 :

Un bateau automoteur de la Société des Messageries fluviales de France à Compiègne


Un de nos amis a eu l'occasion d'effectuer, il y a quelques jours, la visite d'un bateau automoteur, LE HAVRE, qui a séjourné pendant deux jours sur l'Oise, à Compiègne.

Ce nom de bateau automoteur constitue certainement une véritable nouveauté pour le grand public qui n'est guère familiarisé, comme les personnes que leur profession ou leurs goûts attirent vers ces études spéciales, avec les questions d'utilisation des canaux et rivières navigables.

On sait, en effet, que la traction des bâtiments circulant sur nos rivières s'est faite progressivement pas des ânes, des chevaux, des bœufs et, en dernier ressort, par des hommes.
Le temps des haleurs court le risque d'avoir maintenant vécu grâce à ce système d'automoteur qui ne dépend, en aucune façon, des berges ni des chemins de halage.

Le bateau LE HAVRE constitue le premier type du genre. Il a été construit et essayé le 21 avril 1904, dans ces admirables ateliers, forges et chantiers de la Méditerranées, au Havre, dont la réputation est depuis longtemps universelle.

Le système qui caractérise LE HAVRE consiste à placer à l'arrière du bateau et de chaque côté, une roue à aubes très légère avec gouvernail entre les deux roues et moteur à proximité. Cela permet à ces deux roues d'enfoncer leurs palettes dans l'eau, toujours à la même profondeur, sans s'occuper de la ligne de flottaison du bateau qui peut varier selon son chargement. C'est ce que l'inventeur a dénommé « propulseur amovible ».

Il s'ensuit que si le chaland est vide et se trouve par conséquent à la surface de l'eau, les roues à aubes l'actionnent en battant l'eau à la profondeur voulue ; le chaland vient-il à s'enfoncer plus ou moins par son chargement, les roues, qui ne font pas corps avec lui, qui sont amovibles, resteront toujours à la même hauteur par rapport à la surface de l'eau, c'est-à-dire la hauteur convenable pour frapper l'eau utilement et pousser le chaland en avant.

Un membre du Conseil supérieur de la marine marchande, M. E. Duchêne, assure que ce système « présente, à tous les points de vue, le maximum des perfectionnements désirables, tant en ce qui concerne la facilité des manœuvres, la simplicité de la construction et des réparations, qu'en ce qui concerne le tirant d'eau très faible, l'absence de remous pour le service des canaux, et enfin l'économie d'établissement et d'exploitation ».

Le chaland automoteur-porteur LE HAVRE appartient à la Société des Messageries fluviales de France qui en possède plusieurs autres de ce genre sur les différentes rivières du pays avec un ensemble de 5457 kilomètres.

Celui qui nous occupe se rend à Strasbourg. Il a fait escale à Soissons, Reims et passera par Nancy.

A titre documentaire, il nous appartenait de signaler cette innovation qui peut être appelée à modifier sensiblement les conditions et modes de navigation, toutes choses qui intéressent, en particulier, Saint-Quentin et sa région.

- Nous apprenons que la Société des Messageries fluviales de France va se rendre acquéreur de l'une des plus importantes maisons de transports de la région du Nord, ce qui la placera de suite au premier rang des sociétés similaires. (Il s'agit de la société Pavot Frères)



dans Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne du 10 septembre 1905 :

Un bateau automoteur de la Société des Messageries Fluviales de France à Soissons


On nous écrit de cette ville :

Nos concitoyens pourront, s'ils le désirent, effectuer la visite d'un bateau automoteur, LE HAVRE, arrivé hier après-midi au port de Soissons, où il fait une courte relâche.

Ce nom de bateau automoteur constitue certainement une véritable nouveauté pour le grand public qui n'est guère familiarisé, comme les personnes que leur profession ou leurs goûts attirent vers ces études spéciales, avec les questions d'utilisation des canaux et rivières navigables.

On sait, en effet, que la traction des bâtiments circulant sur nos rivières s'est faite successivement par des ânes, des chevaux, des bœufs et, en dernier ressort, par des hommes.
Le temps des haleurs court le risque d'avoir maintenant vécu grâce à ce système d'automoteur qui ne dépend, en aucune façon, des berges ni des chemins de halage.

Le bateau LE HAVRE constitue le premier type du genre. Il a été construit et essayé le 21 avril 1904, dans ces admirables ateliers, forges et chantiers de la Méditerranée, au Havre, dont la vieille réputation est depuis longtemps universelle.

Le système qui caractérise LE HAVRE consiste à placer à l'arrière du bateau et de chaque côté une roue à aubes très légère avec gouvernail entre les deux roues et moteur à proximité. Cela permet à ces deux roues d'enfoncer leurs palettes dans l'eau, toujours à la même profondeur, sans s'occuper de la ligne de flottaison du bateau qui peut varier selon son chargement. C'est ce que l'inventeur a dénommé « propulseur amovible ».

Il s'ensuit que si le chaland est vide et se trouve par conséquent à la surface de l'eau, les roues à aubes l'actionnent en battant l'eau à la profondeur voulue ; le chaland vient-il à s'enfoncer plus ou moins par suite de son chargement, les roues, qui ne font pas corps avec lui, qui sont amovibles, resteront toujours à la même hauteur par rapport à la surface de l'eau, c'est-à-dire à la hauteur convenable pour frapper l'eau utilement et pousser le chaland en avant.

Un membre du Conseil supérieur de la marine marchande, M. E. Duchêne, assure que ce système « présente, à tous les points de vue, le maximum des perfectionnements désirables, tant en ce qui concerne la facilité des manœuvres, la simplicité de la construction et des réparations, qu'en ce qui concerne le tirant d'eau très faible, l'absence de remous pour le service des canaux, et enfin l'économie d'établissement et d'exploitation ».

Le chaland automoteur-porteur LE HAVRE appartient à la Société des Messageries Fluviales de France, qui en possède plusieurs autres de ce genre sur les différentes rivières du pays, avec un ensemble de 5457 kilomètres.

Celui qui est actuellement à Soissons se rend à Strasbourg. Il vient de Compiègne, fera escale à Reims et passera par Nancy.

Il quittera le port de Soissons demain matin, à 3 heures.

A titre documentaire, il nous appartenait de signale cette innovation qui peut être appelée à modifier sensiblement les conditions et modes de navigation, toutes choses qui intéressent en particulier Soissons et a région.

- Nous apprenons que la Société des Messageries Fluviales de France va se rendre acquéreur de l'une des plus importantes maisons de transports de la région du Nord, ce qui la placera de suite au premier rang des sociétés similaires.


dans La vie lorraine illustrée : revue littéraire, artistique, industrielle et commerciale - n°4 de l'année 1905 (Bibliothèques de Nancy) - Limédia Kiosque :

Visite d'un bateau automoteur


Nous avons eu l'avantage de visiter, il y a quelques temps, au quai Saint-Georges, à Nancy, où il était amarré, le bateau automoteur LE HAVRE, de la Société anonymes des Messageries Fluviales de France.

Cette société, fondée en juillet 1901, au capital de un million, possède actuellement de nombreux bateaux sillonnant nos fleuves.

Par la rapidité de sa marche et son tarif réduit, elle est appelée à occuper la place prépondérante parmi les moyens employés pour le transport de marchandises de tous genres.

Nous avons reçu de M. Fernez, ingénieur-constructeur, à qui revient le mérite d'avoir inventé le système de locomotion employé par la Compagnie, l'accueil le plus aimable et le plus empressé.

MM. Minard et Delsart, représentants de la Société à Nancy, l'accompagnaient.

M. Oplet, capitaine, nous a fait le plus gracieusement du monde, les honneurs de son bateau que nous avons vu en détail.

Après avoir commencé à sillonner nos routes, l'automobilisme va donc devenir le maître de nos rivières et de nos canaux et tenir une grande place dans le commerce et l'industrie.
Cela devait arriver.

Personne n'a oublié le résultat obtenu par le dernier raid des automobiles industriels sur route, et déjà nous avons pu admirer sur le canal de l'Est, une automobile sur l'eau.

Nous disons automobile, mais l'inventeur de ce système de transport dénomme cela automoteur-porteur, et il doit avoir raison, puisque ce système est breveté dans tous les pays où la chose est intéressante : France, Allemagne, Russie, Autriche-Hongrie, Belgique, Angleterre, Amérique, Egypte, etc.

De ce que nous avons pu voir par nous-même et des explications qui nous ont été fournies par les capitaine et mécanicien de l'automoteur LE HAVRE, le système Fernez consiste purement et simplement en un propulseur automobile à aubes placé à l'arrière d'un bateau, dans un compartiment spécial réservé à cet effet.

Une fois installé à bord, par une combinaison des plus simples, la plate-forme mobile du propulseur monte et descend mécaniquement à la hauteur utile correspondante au chargement et, par conséquent, au tirant d'eau du bateau, de sorte que, quel que soit ce tirant d'eau, les pales des roues de l'appareil propulseur sont toujours immergées d'égale façon et suivant l'enfoncement reconnu utile.

Cette disposition permet d'obtenir le maximum de rendement avec le minimum de force. Aussi l'automoteur LE HAVRE a-t-il une minuscule machine pouvant développer de 25 à 35 chevaux, et c'est avec cette force réduite que cet automoteur transporte habituellement 265 tonnes, soit plus de 26 wagons de marchandises, et à charge complète 330 tonnes, soit 33 wagons de 10 000 kilos chacun.

Le prix de revient de la propulsion ainsi pratiquée descend à des limites inconnues jusqu'à ce jour et laisse loin derrière lui les prix de fraction actuellement appliqués sur nos canaux et rivières.

Il est donc inutile de dire que, dans des conditions aussi économiques, l'automoteur-porteur à propulsion amovible est appelé non seulement à révolutionner l'industrie déjà si prospère des transports par eau, mais encore à apporter à l'industrie et au commerce national un nouvel et important élément de prospérité.

L'automoteur-porteur LE HAVRE, qui a séjourné dans notre ville, était chargé de coke de gaz pris à Paris à destination de Strasbourg ; la durée du voyage est de 10 jours de marche, alors que par bateaux ordinaires, remorqués et halés, ce délai serait de 40 à 45 jours.

En compagnie de MM. Minard et Delsart, un de nos amis s'est rendu à Strasbourg où le succès de l'automoteur-porteur n'a pas été moins grand qu'à Nancy. La foule massée sur les quais admirait ce nouveau triomphe de l'industrie française et saluait avec émotion le drapeau tricolore qui flottait fièrement sur l'automoteur-porteur.

La société des Messageries fluviales de France, propriétaire des brevets français et étrangers du bateau automoteur-porteur système Fernez, peut donc, par ses propres moyens, traiter et réaliser des transports rivalisant à très peu de chose près avec la petite vitesse, à des prix variant de 10 à 50 % inférieurs à ceux des chemins de fer.
Les Messageries fluviales de France ont leur siège social à Paris, des agences dans toute la France, et des Directions particulières à Strasbourg, Anvers, etc.

On ne peut que faire des vœux pour le succès toujours croissant d'une entreprise appelée à contribuer dans une large mesure au développement de notre commerce et de l'industrie nationale.

Paul Fouquet


Ce dernier article est en outre illustré par cette gravure montrant LE HAVRE à Strasbourg :

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Re: LE HAVRE

Messagepar kikicmr » Jeu 21 Mai 2020 17:28

Un autre article concernant ce bateau, trouvé, grâce à Gallica, dans le journal Le Temps du mardi 7 juin 1904 :

Le Temps, du mardi 7 juin 1904 :

M. Fernez vient de donner une bonne solution du difficile problème de l'automobilisme des péniches sur les canaux et sur les rivières à faible tirant d'eau.
Au premier examen, le problème paraît tout élémentaire. Mettez dans le bateau une machine à vapeur actionnant des roues à aubes ou bien une hélice, et tout est dit.
Dans la pratique, cela ne va pas tout seul, en raison de l'enfoncement variable du bateau suivant sa charge et de la nécessité, s'il s'agit d'un canal, de ne point détériorer ni le fond ni les berges par d'agressifs remous. A ce dernier point de vue, les roues à aubes ont, sur l'hélice, une incontestable supériorité, bien que l'on ait proposé, à la vérité, des hélices à immersion variable.



Fig. I. - Bateau-porteur automoteur pour les canaux et les rivières à faible tirant d'eau. - Ensemble de la machinerie et des roues à aubes.


M. Fernez emploie donc des roues à aubes comme propulseurs. Son appareil moteur, entièrement amovible, chaudière et machine à vapeur, se compose d'une plate-forme qui s'élève ou s'abaisse, suivant le tirant d'eau, dans une chambre placée à l'arrière de la péniche ou du bateau-porteur. Lorsque le bateau veut redevenir simple péniche non automobile, on enlève cette machinerie et on rentre dans les usages ordinaires. On peut aussi, puisque tout le dispositif s'enlève d'un seul bloc, le remplacer par un autre à propulseur, plus puissant ou moins puissant, et passer, avec le même bateau automobile, d'un fleuve à courant très rapide, exigeant une grande force de propulsion, à une rivière canalisée n'en exigeant que très peu, et vice-versa.
Au point de vue du fonctionnement, un seul homme suffit pour faire le service de mécanicien et de chauffeur : un homme et un mousse peuvent servir pour le reste du service. Donc, une famille de trois personnes peut conduire le bateau automoteur, et cela sans apprentissage spécial.



Fig. II. - Bateau-porteur automoteur - Comment on met en place d'un seul bloc l'ensemble de la machinerie et des propulseurs.


Un bateau-porteur de ce type, LE HAVRE, a été récemment construit par la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée et expérimenté dans le canal de Tancarville où il s'est bien comporté. Ensuite, on lui a fait faire, comme charbonnier, le sérieux voyage de 334 kilomètres en Seine, entre Le Havre et Saint-Denis, contre une courant atteignant environ trois kilomètres à l'heure sur certains points.
Le bateau automoteur a effectué son trajet en 80 heures, soit une moyenne de 4 kilom. 150 à l'heure avec une dépense totale afférente à la traction de 0 fr. 00325 par tonne et par kilomètre ; cela est satisfaisant, car pour ce genre de traction si considérable et si modeste tout à la fois, on ne réalise aucun progrès s'il ne se concilie avec la plus stricte économie. Il ne s'agit pas là de faire des courses de vitesses, mais bien des concours d'abaissement du prix de transport. A ce titre, le système automobilique de M. Fernez mérite une bienveillante mention.
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