par munster » Jeu 17 Nov 2011 13:15
L'inventeur :
Ça se passe au XIXe siècle.
C’est encore l’histoire d’un mec… qui n’a rien d’un marin ; il est pépiniériste, profession on ne peut plus terrienne. Ce type a l’habitude de fabriquer de ses mains des caissons en ciment renforcé de fil de fer pour y mettre des orangers. Un jour, il se dit qu’il pourrait faire d’autres objets, plus élaborés, avec un matériau aussi docile. Il pense alors à un bateau, une simple barque, qu’il pourrait faire naviguer sur l’étang de sa propriété de Miramar, dans le Var. Mais le ciment (et le sable) ne sont pas assez rigides pour constituer seuls, une enveloppe capable de répondre aux exigences du vieil Archimède.
Joseph-Louis Lambot (c’est son nom) imagine alors une « combinaison de fer et de ciment » permettant de gagner en rigidité tout en diminuant le poids.
Et il fabrique sa barque (voir photo). C’est un gros engin de 2,96 m de long, 1,28 m de large, qui pèse… dans les 600 kg !. Mais ça marche. Tout fier, il promène sa petite famille qui applaudit. En fait, il en fait deux, identiques, l’une s’est perdue, mais l’autre existe toujours. Ces deux barques font l’objet d’un brevet déposé en 1855 et sont présentées à l’Exposition universelle, la même année. Elles
connaissent un su
ccès d’estime, sans plus, distinguées mais modestement primées.Au fil du temps, et bien avant le viaduc de Millau (en béton), les idées de Joseph-Louis séduisent plusieurs ingénieurs maritimes qui se jettent sur le béton pour construire des navires de mer, grands ou petits, péniches, cargos, bateaux de pêche, de guerre… et même l’église flottante « Je sers » amarrée à Conflans Sainte-Honorine. On en trouve de nombreuses traces au Service historique de la Marine. Entre autres, le plan joint imaginé par l’ingénieur Ghirardi pour une péniche de 30 m sur 7 et 2,35 m de tirant d’eau. Ces différents bateaux connaissent des fortunes diverses, car la mise en œuvre du matériau exige un savoir-faire très différent de ce maîtrisent les chantiers navals. Malgré de belles réussites (certaines toujours à flot) l’application du béton à la construction navale sombre peu à peu dans l’oubli.