par CITERNA 12 » Ven 12 Sep 2014 14:15
A propos d'écluse de Saône, cela s'est passé à celle de (Port) Bernalin, en juillet 1968.
Sur le CITERNA 12, destination Mâcon, nous nous présentons en aval de la dite écluse. Franck, le second est à l'avant tribord, ainsi que le mousse avec sa défense. Matelot, je suis à l'arrière. A quelques deux cents mètres environ de la porte, le capitaine stoppe le moteur. Précisons qu'il est en prise directe avec l'hélice. Le bateau file sur son erre à l'allure d'un piéton. Au moment du redémarrage, nous entendons un grand bruit puis un fort échappement d'air : une pastille de sécurité a sauté, le lancement est impossible. Le capitaine crie :"Mouille, mouille". Mais devant, ils n'entendent pas, ne comprennent pas cet ordre inhabituel.
Réalisant instantanément la situation, et n'ayant pas envie d'être encore arrêté pour avarie (nous sortions de chantier) car au sens propre du terme, nous fonçions dans le mur (de l'écluse) par le travers. je quitte mes espadrilles et je pulvérise mon record du 60m sur le pont brûlant. Je débloque le frein du treuil. L'ancre tombe aussitôt. Je mouille court. L'ancre dérape dans la vase. Le nez est déjà engagé dans l'écluse, mais le bateau est très en travers, toujours à 1m/s environ. Nous allons bronquer à bâbord. Franck le pense aussi, et s'est déjà emparé d'une défense pour amortir le choc. D'un coup, l'ancre prend sur le radier (mur inférieur) de la porte aval. Le bateau se redresse et, engagé de 10 à 15 mètres, il stoppe à la seconde, dans un grand bruit de grincement de chaîne. L'éclusier, affolé, arrive en courant, et après explications, nous dit sobrement; "il faut dégager l'écluse". En remontant l'ancre, nous reculons, et ensuite, nous rentrons lentement et totalement dans l'écluse par traction humaine, aidés par quelques badauds. Pendant l'éclusée, le capitaine remplace la pastille. Nous pouvons relancer la machine, et nous amarrer en amont dans l'attente d'un mécanicien pour une réparation plus fiable. Ouf, on s'en sort bien !