par davidships » Ven 10 Fév 2012 19:30
Ici un petit extrait du livre:
VAPEURS SUR LE RHÔNE: Histoire scientifique et technique de la navigation à vapeur de Lyon à la mer
Bernard Escudié & Jean-Marc Combe
Éditions du Centre Nationale de la Recherche Scientifique, Paris et Presses Universitaires de Lyon, 1991.
XXI. Navigation à Vapeur sur la Saône
2. Remorqueurs
Les remorqueurs furent nombreux sur la Saône. Sur cette rivière relativement facile on s'était intéressé de bonne heure à la mise au point de bateaux spécialisés au remorquage des "cadolles" chargées de marchandises. Nous avons vu que le fameux Papin de Daniel Colladon était en réalité un remorqueur, de même pour les Gondoles. Vers le milieu du siècle, l'apparition de transport en provenance ou à destination des mines de la Loire ou de Blanzy va donner une impulsion nouvelle à la construction des remorqueurs. Vers 1845, la Cie des Mines de la Loire avait acheté deux remorqueurs pour Givors-Lyon, elle en fut si peu satisfaite qu'ils étaient mis en vente dès le 4 février 1846. Finalement, cette administration mit en construction, en 1846, chez Schneider pour la service de la Saône le Tournant à machine horizontale, dont elle fut satisfaite.
La Cie des Mines de Blanzy, de son côté, démarra la même année avec un remorqueur un peu plus petit et moins puissant (60 contre 80 ch) également construit chez Schneider à Chalon, ces 2 entreprises étant voisines. Ce fut la première unité d'une série qui devait s'achever avec le Perret-Morin, prototype des remorqueurs de Saône de la HPLM du début du XXe siècle. La Cie de Mines de Blanzy passa toutes ses commandes pendant un demi-siècle au Chantier de Chalon. Elle incorpora toutefois à son parc quelques bateaux dont les Vengeur et Bourdon. Ces derniers figurant également à la liste des productions de Schneider; la quasi totalité des Blanzy possédait des machines horizontales à haute pression.
Quant au fameux Perret-Morin, il s'agissait de l'un des anciens Parisien de Cochot, à roues à aubes, transformé en remorqueur à hélice chez Schneider en 1885-1886. Son appareil moteur, compound à deux cylindres, était du type "pilon". Il possédait deux chaudières cylindriques à une porte de chargement, positionnées l'une en face de l'autre, côté foyer. Les 2 cheminées étaient légèrement décalées par rapport à la ligne médiane du corps cylindrique. Par la suite, le Perret-Morin fut transformé une seconde fois, l'opération consistant à supprimer l'un des deux générateurs; le second étant sans doute surabondant. A une cheminée il était à peu près identique aux remorqueurs de la HPLM dont les premiers virent le jour vers 1904, et dont on trouve une illustration dans la brochure HPLM de 1914 (remorqueur Phoque). Leur longueur était un peu près semblable (28,90m HPLM, 31m Perret-Morin) et leur machine de même type structurel. Le générateur cylindrique des remorqueurs HPLM était plus largement dimensionnée (chaudière avec réservoir de vapeur et foyer à deux portes de chargement. Timbre: 6kg/cm²). La cheminée était positionnée côté foyer. Un tel remorqueur développait 160 ch.
Dans quelle mesure le Perret-Morin a-t-il été le prototype des premiers remorqueurs de la HLPM? Il est difficile de le savoir en l'absence de documents précis. Ces mêmes remorqueurs n'ont-ils pas influencé la seconde transformation du Perret-Morin, à moins qu'elle ait été antérieure à la construction des premiers? Contentons-nous de noter l'identité évidente des appareils moteurs et la proche parenté des chaudières.
[pp400-401]